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SOS Chenilles Processionnaires

Cycle de vie de la chenille processionnaire du pin

Thaumetopoea pityocampa, la processionnaire du pin, a un cycle de vie annuel le plus souvent, mais qui être rallongé d’une ou plusieurs années selon les conditions environnementales.
La processionnaire du pin va passer par plusieurs stades de développement (œuf, chenille, chrysalide, papillon) et des phases de vie aérienne et souterraine.

Sommaire
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    Schéma du cycle

    Dans la littérature scientifique et les études menées par les chercheurs et spécialistes, on distingue deux grandes phases : la phase aérienne et la phase souterraine.
    Dans chacune de ces phases, l’insecte évolue passant d’œuf, à larve, à chrysalide puis papillon.

    C’est ce que nous allons voir en détails.

    Phase aérienne

    De la sortie des adultes jusqu’à la procession, c’est la phase aérienne.


    Reproduction et ponte

    C’est généralement pendant les mois de juillet et août que les adultes sortent de terre pour se reproduire. Leur espérance de vie est très courte.

    L’imago (stade adulte) de la thaumetopoea pityocampa est un papillon nocturne : il émerge du sol en fin de journée pendant l’été.

    Le mâle apparaît en premier (30 min avant la femelle) et cherche un terrain adapté et surélevé pour déployer ses ailes, puis les femelles font de même.
    La femelle émet une phéromone appelé la « pityolure » qui attire les mâles.

    Après l’accouplement, les papillons se séparent et la femelle côté va chercher un pin, où elle va pondre ses œufs entre deux aiguilles. La ponte se fait en une fois et forme un manchon d’environ 5 centimètres, recouvert d’écailles qui lui donnent une couleur grisâtre.
    La femelle peut pondre entre 70 et 300 œufs.

    Les papillons meurent quelques jours après seulement.


    Eclosion et croissance des larves

    L’éclosion se produit entre 30 et 45 jours après la ponte : ce sont les chenilles dites L1.

    En effet la larve de la processionnaire du pin va passer par 5 stades larvaires : L1, L2, L3, L4 et L5.
    Les chenilles d’une même colonie ne se quittent pas et restent toujours en contact.
    Elles forment dès le début un premier cocon de soie finement entrelacée, mais petit et léger, beaucoup plus difficile à distinguer. Tant que les températures sous suffisamment élevées, 20°C en moyenne, elles vont se déplacer la nuit pour se nourrir des aiguilles du pin.

    Elles vont effectuer plusieurs petites migrations successives sur l’arbre, en formant des cocons, pour continuer à s’alimenter et trouver des zones bien exposées au soleil.
    Les chenilles se développent et muent, passant d’un stade larvaire à l’autre : à chaque fois, elles grandissent et ont plus de poils.

    C’est surtout à partir du 3ième stade larvaire que les chenilles L3 se couvrent de poils urticants : elles développement des poches, dits « miroirs » qui renferment ces microscopiques poils en énorme quantité.

    De L3 à L5, elles deviennent donc dangereuses pour les Hommes et les animaux.

    Quand les températures baissent, la colonie entame la construction de son nid d’hiver.


    Nid d’hiver

    La colonie cherche une partie de l’arbre la mieux exposée aux rayons du soleil et va se mettre à tisser son gros cocon blanc d’hiver. C’est lui qu’on remarque facilement dans les pins.

    Ce nid est comparé par les chercheurs et entomologistes à une sorte de « radiateur solaire ».
    Il va emmagasiner la chaleur du soleil : chaque heure d’ensoleillement permet de gagner 1,5°C dans le nid.

    Combiné au fait que les larves restent collées les unes aux autres pour se protéger du froid, le nid d’hiver leur permet ainsi d’affronter les basses températures.
    Bien protégée, une colonie suffisamment nombreuse peut survivre à des températures glaciales, de l’ordre de -10°C voire -12°C.

    A noter qu’on estime qu’à partir de -16°C, les chenilles n’ont plus aucune chance de survie.
    Il faut un hiver très rigoureux et / ou une altitude élevée pour que le thermomètre descende aussi bas. Or avec le réchauffement climatique, c’est de moins en moins vrai, y compris dans les forêts du nord de la France.

    Pendant cette phase, les chenilles ne vont sortir que la nuit pour s’alimenter et continuer à tisser et entretenir le cocon.


    Procession

    L’objectif du piège à chenilles processionnaires du pin est de capturer toute la colonie pendant sa phase de procession, quand les chenilles quittent le nid d’hiver et descendent le long du pin.

    Arrivées au stade larvaire L5 (à maturité donc) et si les conditions le permettent, la procession démarre.
    Dans les faits, cela peut démarrer de début décembre jusqu’au début du mois de juin.

    Les chenilles se suivent à la queue-leu-leu et descendent le long du tronc. C’est ce qui donne le nom de chenille processionnaire du pin.
    Arrivées au sol, elles vont se déplacer jusqu’à trouver un terrain propice à leur développement.
    Elles vont chercher un sol plutôt meuble et éclairé (toujours ce besoin de chaleur), mais pas trop !

    Si les températures sont basses, elles vont chercher une zone éclairée pour profiter de la chaleur des rayons du soleil. A l’inverse si les moyennes sont trop élevées, elles peuvent chercher l’abri d’un sous-bois.

    C’est pourquoi on peut croiser le chemin de ces longues files de centaines de chenilles qui arpentent les forêts de pins, les clairières et sous-bois.

    Le bon emplacement trouvé, elles s’enfouissent.


    Phase souterraine

    Démarre ainsi la phase souterraine du cycle.

    Enfouissement et nymphose

    Environ une quinzaine de jours après s’être enfouies dans la terre, les chenilles entament leur nymphose : chez les insectes, c’est le passage de l’état de larve à celui d’imago (le stade adulte).
    Concrètement, elles forment des chrysalides.

    Là, l’organisme de la chrysalide va comme entrer en sommeil : son métabolisme se réduit, pour ajuster le cycle annuel (ou biennal, ou plus), c’est la diapause.

    Diapause

    Pendant cette période, le métabolisme de la chrysalide est fortement ralenti et son développement s’arrête : c’est ce qu’on appelle la diapause.
    Ce ralentissement génétiquement déterminé intervient également chez de nombreux autres insectes, pour leur permettre de résister à l’hiver ou à des périodes de carence alimentaire.

    Cet étape permet à l’insecte d’attendre le meilleur moment pour finir sa croissance et sortir de terre pour terminer le cycle et en commencer un nouveau.
    La diapause a un rôle essentiel : elle optimise les chances de survie de l’insecte et d’engendrer la prochaine génération.

    A la fin de cette étape, le métabolisme s’intensifie, développement de l’organisme reprend pour devenir adulte et atteindre l’imago : le stade final, à savoir le papillon.

    Sortie des adultes

    Entre la mi-juin et la fin septembre, le plus souvent aux mois de juillet et août, les papillons sont finis d’être formés.

    Ils émergent du sol, et le cycle redémarre !


    Variations dans la durée du cycle

    Normalement, la processionnaire du pin a un cycle de vie bien rodé, ou chaque phase donne à l’espèce les meilleures chances de survie.
    Dans les faits, la durée d’un cycle complet n’est ni strictement définie ni toujours identique selon les régions ou les années.

    Dans les régions méditerranéennes et du sud-ouest, où l’ensoleillement est important et les températures plus clémentes, le cycle de la processionnaire du pin est accéléré et l’insecte est très actif.


    Nidification et procession

    Si l’on admet généralement que les chenilles quittent le nid pour aller s’enfouir dans la terre à la fin de l’hiver, cette phase peut s’étaler de fin janvier au mois d’avril voire mai. Pour les années douces avec une forte insolation, la procession peut même démarrer dès le début décembre (cela se voit dans les Landes par exemple).


    Envol du papillon

    De même, l’envol du papillon Thaumetopea Pityocampa et la reproduction peut s’étaler du mois de juin au mois de septembre.

    Et il se peut que ce soit plus compliqué encore !
    En effet, si les conditions ne sont pas favorables au développement de la chrysalide et à sa transformation en papillon, l’insecte peut rester en « sommeil » (période de diapause) pendant une longue période et rallonger considérablement le cycle.


    La diapause renforcée

    Comme vu précédemment, la diapause joue un rôle essentiel dans le cycle de vie de la processionnaire du pin.
    Elle sert de tampon entre la phase de larve et la sortie des adultes, pour permettre à ceux-ci d’avoir les meilleures chances possibles lors de la reproduction et de la ponte des œufs.

    La diapause est fortement impactée par l’environnement et les conditions climatiques : si les températures sont trop basses, que le sol est trop sec, ou qu’au contraire il fait trop chaud, l’organisme peut prolonger la diapause ou même y revenir, s’il avait commencé à évoluer en papillon.

    Au besoin, la diapause peut durer une année entière, voire plusieurs !

    Toutes ces adaptations et variations expliquent aussi pourquoi vouloir uniquement réguler la population de la processionnaire du pin à l’aide de pièges à phéromones, ou de traitements chimiques ou à base de bio-insecticides, est compliqué : il faut réussir à agir au bon moment !

    Alors que la lutte contre les larves à l’aide d’un piège à chenille processionnaire est beaucoup plus facile : une fois installé sur le tronc d’arbre, le piège reste en place des semaines voire des mois et capturera de manière efficace les chenilles, brisant le cycle de reproduction.

    Selon les régions, il est fréquent que le cycle soit biennal, triennal voire quadriennal (comme en Corse) : ce qu’il faut comprendre ici, c’est que ne pas voir de cocons de soie un hiver ni voir descendre de chenilles processionnaires ne signifie pas qu’il n’y en a plus !
    Leur cycle peut être allongé, et les émergences des adultes étalés.


    Facteurs influents

    Plusieurs facteurs environnementaux impactent le cycle de vie et de développement de la chenille processionnaire du pin.

    Thaumetopoea pityocampa Schiff. est très sensible à la température et à l’ensoleillement.

    Des températures trop basses, et les chenilles peuvent ne pas survivre en hiver malgré leur cocon de protection.
    Des températures trop élevées, au-delà de 25°C en moyenne, et le papillon n’émergera de terre que plus tard ou bien la chrysalide pourra prolonger sa diapause jusqu’à l’année suivante.

    De même il est estimé qu’il faut au moins 1 800 h d’ensoleillement annuel pour que la processionnaire du pin survive et se développe. Ces études remontent notamment aux travaux de messieurs Huchon et Demolin à la fin des années 60.

    On comprend donc que la situation ne va pas être la même selon que l’on est dans les Landes, sur la côte méditerranéenne ou en Alsace, ou encore qu’il y a nécessairement une différence entre plaine et massif montagneux.

    Chaque année, l’ensoleillement, la sécheresse du sol et les températures hivernales comme estivales varient. Plus ces variations sont importantes, plus le cycle de vie de la processionnaire du pin est perturbé.

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